Choisir ou ne pas choisir un thème, that is the question

XXe siècle, 1966, la photographie n’a pas la place d’aujourd’hui dans le paysage culturel, mais de grands noms de la photographie ont une vraie notoriété dans le public, Édouard Boubat a 43 ans, Robert Doisneau, 54, Willy Ronis 56. Ils représentent le courant de la photographie humaniste d’après-guerre, la rue et le bistrot sont les lieux privilégiés pour leurs photos. Aujourd’hui, leurs photos témoignent de la vie des français de l’après-guerre et nous permettent de réécrire l’histoire vue à travers un objectif photo, en images. La création d’agences photos va permettre la diffusion de ces clichés témoignages.

Pourquoi ces photographes ont-ils choisi de faire ces photos ? Ont-ils ressenti l’impérieuse nécessité de mettre en mémoire cette période ? Ont-ils multiplié les clichés car l’évolution technique des appareils photographiques leur ouvrait de nouvelles façons de pratiquer la photo, plus libre, plus rapide, plus mobile ?

Ce dont on est sûr, c’est qu’ils n’ont pas répondu à la demande d’un club photo qui leur aurait proposé, le thème de la photographie humaniste.

50 ans après, nous pouvons nous aussi nous poser la question, est-ce nécessaire de choisir un thème photo pour notre 46ème salon photographique en 2016 ? Avons-nous aussi l’envie de témoigner en images notre ressenti du XXIe siècle ?

Si l’on se penche sur nos statistiques, presqu’à chaque fois nous votons pour le thème proposé par Objectif Image. Si nous regardons les choses du côté de notre participation au printemps d’Objectif Image, moins de 10 photographes proposent des images à accrocher aux cimaises du centre courrier de la Poste, encore moins postent une image sur le blog d’OI. Cette année un peu plus de 40 photographes ont participé au 45e salon OIT sur le thème « l’étrange ».

Nous sommes plus de 140 adhérents, nous devons nous prononcer lors de l’AG du 2 février 2016 :

– choisir le thème de l’OI « Solitude »,

– choisir un autre thème à définir ensemble,

– thème libre,

– procéder autrement car nous fêtons les 50 ans du club.

Mais, nous devons tout d’abord nous questionner sur ce que représente un thème pour un club photo comme le nôtre.

Travailler sur un thème c’est accepter de créer à partir d’une contrainte, contrainte qui a pour fonction de stimuler notre production artistique, contrainte qui nous amène sur de nouvelles pistes de travail photo. La preuve avec le thème « l’étrange » qui a permis une variété de réponses photographiques.

Qu’est-ce qu’un bon thème ? un mot, « le bonheur », une phrase, « la vie en couleur », un élément de l’acte photographique « Beauté de la lumière », une vision « Créer le futur »…

Accepter un thème c’est également accepter éventuellement de sortir du genre photographique que l’on affectionne, c’est décider qu’un travail sur la compréhension du thème est nécessaire, c’est décider de se retrouver pour échanger, critiquer, améliorer les premières photos produites sans le souci de la sélection finale, à l’image de ce qui a été fait pour la coupe de France monochrome par Philippe Printant, jeudi 17 décembre.

Tout cela est bien théorique, on ne peut pas réfléchir dans le vide… Proposons par exemple, le thème « Reflets ».

Un bon thème ? Un thème facile ? Un thème pour tous les genres photographiques représentés dans le club ? En tout cas, un thème traité par nos plus grands photographes, rappelons-nous la photo d’Henri Cartier Bresson Derrière la gare Saint-Lazare, Paris, France, 1932, qui illustre le concept d’instant décisif cher à H.C.B.

Revenons à nos photographes, je suis photographe nature, j’immortalise l’envol d’un oiseau au-dessus d’un étang, je photographie des paysages, les étendues d’eau fonctionnent comme des miroirs naturels et me permettent de capturer les reflets des arbres, des bateaux, des ponts, des bâtiments… Je fais de la street photo, les flaques d’eaux, les vitrines, les façades en verre des immeubles, sont des pièges à reflets. Je fais du studio, je me sers d’un miroir…

Apparente facilité pour obtenir des images acceptables pour ce thème, où est donc le travail à fournir ? Vous savez bien toute l’attention que vous devez porter à la composition des images. Vérifier leur lisibilité dans le cas de reflets, l’inversion en miroir peut créer des difficultés d’interprétation. Des déformations de l’image dues à des rides à la surface de l’eau peuvent créer des paysages surréalistes, esthétiques ou non. L’effet reflet ne suffit pas toujours à créer une bonne photo, et nous contraint à avoir une démarche d’auteur. Que voulons-nous montrer, quel est le sujet de notre photo, quel cadrage est pertinent pour mon projet, quel traitement retenir, noir et blanc, couleur ?

L’AG c’est début février 2016, il va falloir décider, à vous de réfléchir, à vous de proposer, n’oublions pas que notre club a 50 ans, nous avons le recul de 45 salons successifs, nous sommes sortis de l’adolescence me semble-t-il, la COP21 a réussi à mettre d’accord 195 pays, nous sommes 143 adhérents, facile… nous comptons sur vous.

Une dernière piste, nous allons présenter des photos de la collection nationale d’Objectif Image, de grands noms de la photographie sont représentés, nous pouvons choisir également des photos sur un thème que nous traiterions dans notre salon… Une idée à débattre bien sûr.

Rendez-vous à l’AG.

Jacques Courivaud